vendredi 25 septembre 2009

sophie ristelhueber

sophie ristelhueber, sera exposé aux rencontres internationale de la photographie en Arles née en 1949, elle vit et travaille à paris.de formation littéraire(sorbonne), elle travaille dans le journalisme et l'édition jusqu'en 1980.C'est pas tellement de la pudeur mais plutôt une façon de parler des choses sans forcément les montrer que l'on retrouve à travers son oeuvre.Notamment sur le travail quelle a effectué sur la guerre.Ce que Raimond Depardon qui la sélectionner en dit : « Quand j’ai commencé à me poser des questions, à vouloir photographier autrement l’actualité des hommes, j’ai trouvé une amie, c’est elle qui m’a aidé à sortir de mon passé. Nous avons réalisé ensemble « San Clemente », elle au son, moi au cadre, ce film sur un hôpital psychiatrique à Venise. J’ai écrit « Notes », mon premier livre pour elle. Le plus important chez elle, c’est son parcours sans compromis. À sa façon, avec réflexion, c’est le contraire du reporter de guerre, ses photographies témoignent aussi de la folie des hommes, sans doute avec encore plus de force que le témoin reporter. Sensible, discrète, engagée, habitée, elle a un vrai talent d’artiste photographe, salué dans le monde entier, c’est en plus une amie fidèle. »
Selon ses propres mots, Sophie Ristelhueber « s’attache aux désordres de lieux traversés par des événements majeurs quels qu’ils soient ». Ainsi, une guerre civile (Beyrouth, photographies, 1984), un tremblement de terre (Arménie, 1989), la première guerre du Golfe (Fait, 1992), les conflits balkaniques (Every One, 1994 et La campagne, 1997), les grandes frontières symboliques d’Asie Centrale avant que le 11 septembre ne les mette en première ligne (L’air est à tout le monde II, III, IV, 2000, 2001, 2002), la Mésopotamie de Babylone aux conflits des plus récents (Dead Set, 2000 et Irak, 2001). En 2005, dans WB, l’une de ses dernières oeuvres, figurent densément toutes ses obsessions : traces, destructions, obstacles en tous genres pour se séparer de l’autre. Comme toujours chez elle, il ne s’agit pas de relever un contexte ou des responsabilités politiques d’un côté ou d’un autre, mais de créer une oeuvre sans limite de temps et d’identité. Pour répondre à l’invitation de Raymond Depardon à participer à l’édition 2006 des Rencontres d’Arles, Sophie Ristelhueber présente un recensement de cratères d’attentats comme autant de tombeaux qui se creusent chaque jour dans la terre irakienne. Pour réaliser ce nouveau travail, elle a visionné les archives vidéo d’une agence de presse à Londres, et a retrouvé la réalité de ce pays qu’elle avait parcouru en 2000 pour travailler sur " un étonnant raccourci de milliers d’années : de la plus ancienne civilisation de Mésopotamie à celle de la première guerre du Golfe, alors que les F-16 américains volaient au-dessus de nos têtes en mission de surveillance. La vision fossilisée est un matériau qui me hante depuis mon travail sur Beyrouth, un cycle de plus de vingt ans qui est peut-être sur le point de s’achever ".


Un autre art dans l’art :Pourquoi partir en cisjordanie ?Je possède des tas de boîtes de photos et de documents, que je lis et découpe. Je les appelle les "boîtes à projets". Je me nourris de l'actualité, de l'Histoire avec un grand H.Et puis une image, comme toujours chez moi, déclenche un voyage : une photo aérienne de presse où l'on voit une colonie d'implantation israélienne en Cisjordanie. Les maisons sont finies mais pas habitées. Elles ressemblent à des Lego, des maquettes abstraites qui rendent la vie impossible. Je pensais en avoir fini avec mes obsessions géopolitiques.En arrivant, savez-vous ce que vous allez photographier ?Non. Je cherchais une idée conceptuelle sur la séparation entre Israéliens et Palestiniens, sur la circulation, la façon dont le terrain de l'autre est grignoté. Je sillonnais la Cisjordanie ­ 300 kilomètres du nord au sud, 50 kilomètres d'est en ouest. Je pensais au marquage historique du territoire. La facilité aurait été de photographier le mur qui sépare les deux camps, mais je trouve l'objet simpliste. C'est un paravent qui empêche de créer des formes.Et puis je suis tombée sur une carte des Nations unies de décembre 2003, qui répertorie plus de 700 blockades (obstacles) mis en place par les Israéliens en Cisjordanie depuis la seconde Intifada. Il s'agit de blocs de pierre et de monticules de gravats créés au bulldozer sur les routes secondaires dans le but d'empêcher les Palestiniens de circuler en voiture. Tout est enregistré par satellite sur la carte, mais rien n'est figuré.Vous êtes allé voir ces blockades ?Oui, et je n'imaginais pas trouver ça. Ces interventions dans le paysage sont bien plus fortes et étouffantes que le mur de séparation.Je voyais une terre meurtrie comme un corps. En même temps, ces éboulements ont été fabriqués il y a déjà trois ou quatre ans, les herbes gagnent, une archéologie naît. Ces barrières de roche induisent que le paysage se retourne contre lui-même.Comment photographier ce paysage ?Depuis un escabeau de ménage, accroché sur le toit de la voiture. Je surplombais un champ opératoire. J'étais comme sur un tapis volant. Depuis le sol, j'étais trop près des cicatrices. Ce n'était pas beau. Là-haut, plusieurs monticules entraient dans le champ de mon appareil, je cherchais les plus belles structures. Ça n'a pas de sens de faire un travail trash (sale) sur un sujet douloureux. J'ai réalisé des tirages grand format pour bien voir cette terre et ce qu'on lui fait subir ­ les strates et scarifications. J'ai vu un paysage transformé par les saisons : sec à l'automne avec la terre marron cramée par le soleil, bucolique et vert en mars.Pourquoi ne pas montrer les gens ?Le plus souvent, les photographes montrent uniquement les gens alors que l'enjeu, c'est la terre. C'est un travail sur la terre, comment on la martyrise. Je crois qu'on n'a jamais vu la Cisjordanie comme ça.Comme, dans mes images précédentes, on n'avait pas vu le Liban et l'Irak de cette façon. C'est ma vision d'artiste que de montrer ce que les autres ne regardent pas. Mon ami - l'écrivain - Jean Rolin m'avait dit : "Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ?" Il n'a compris qu'après avoir vu les images.Même chose pour une journaliste de Haaretz, qui voulait me montrer comment les gens vivent avec les checkpoints. Je lui ai répondu que j'avais vu ça vingt fois à la télévision.Comment vous situez-vous par rapport aux photoreporters ?Il y a chez moi un côté documentariste ­ je veux voir et savoir. Mais je ne publie pas dans la presse. Les légendes que l'on met sur les images sont pour moi un cauchemar. Mes livres sont petits, proches de la méditation, à l'opposé des gros albums oubliés sur la table basse.Je ne fais pas un travail militant. Je crée des formes. Les rochers sont comme des installations d'artistes. Et donc je ne montre pas les gens. Personne ne sait, en regardant mes photos, ce que je pense du conflit. En même temps, d'un récent séjour en Irak, j'ai rapporté un triptyque de palmiers calcinés qui, je crois, dit bien ce qui se passe là-bas.Vous donnez peu d'informations dans l'exposition et le livre...Le spectateur et le lecteur peuvent se confronter à des paysages assez beaux. Moi aussi, quand je photographie, je finis par oublier les Palestiniens et les Israéliens pour ne retenir que l'obsession des traces. Je pensais plutôt au "nu de la terre", au travail que j'ai fait sur le jardin de mon enfance, celui du Luxembourg à Paris. Mais je crois que les gens perçoivent très bien le projet.Où voulez-vous aller, maintenant ?Je veux faire quelque chose sur l'Irak depuis Paris, à partir d'images de l'actualité violente. Le thème s'est imposé en voyant la télévision. Une image du cratère énorme après l'attentat contre Hariri, à Beyrouth, a fait naître cette idée.

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