space invaders : vous connaissez surement ces mozaiques collées à même les murs de nos villes : paris, londre, los angeles, tokyo ....l'envahisseur est partout pour notre plus grand plaisir, car il faut le dire rare sont les projets art street aussi enthousiasmant...tiré d'un des premiers jeux d'arcade, jouer à space invaders, dans lequel Les envahisseurs arrivent.on doit à l'aide leur tirer dessus pour les empêcher d'atterir sur terre. Space Invaders a envahi Paris avec ses petites mosaïques, Ses mosaïques font le lien entre l’Antiquité et notre monde virtuel en pixel.
à signaler, les sites streetsy, et ekosystem ou le grafiti art est à l'honneur, ainsi que tout type d'action dans la ville, collage, pochoir...et bien sur space invaders
Tu as commencé ton invasion de Paris avec des mosaïques en 1998, six ans plus tard cela donne ton livre Invasion de Paris, ta mission est accomplie ? Space Invader. Non, ce livre serait plutôt un compte rendu de l’invasion parisienne. Il est sous-titré « La Genèse » et chronique les 500 premiers Space Invaders réalisés dans la capitale. Il apporte également pour la première fois une vision globale du projet. Un Space Invader que l’on croise n’est pas une simple mosaïque placée là mais l’élément d’un réseau. Comment s’est passée la publication de ce livre, tu es allé jusqu’en Thaïlande pour le faire imprimer, est-ce que ça a été une aventure ? Non pas en Thaïlande mais au Bangladesh, je crois qu’il s’agit du premier livre qui a été imprimé là-bas (sur des machines allemandes des années 1960 !). Ça a été une vraie croisade en effet, mais je suis satisfait du résultat. Il s’agit d’un pur livre d’artiste, dans le sens où je l’ai réalisé de A à Z, ça se ressent car il est très brut. En fait il s’agit du premier titre d’une collection, le suivant porte sur l’invasion de Los Angeles. L’idée est de détourner les guides traditionnels, chaque titre racontant l’invasion d’une ville. Ils présentent des archives jusque-là tenues secrètes... Les Space Invaders ont été créés en 1978 au Japon, ce sont des petits aliens, des étrangers qu’il faut combattre, ils apparaissent dans la fin de la guerre froide traversée par la peur du danger nucléaire. Comment intègres-tu cette dimension dans ton travail aujourd’hui ? Es-tu en guerre ? Non je ne suis pas en guerre. Je suis dans une logique épidémique planétaire. Ces « petits aliens » ont été créés pendant la guerre froide c’est vrai mais aussi avec les premiers ordinateurs, j’aime cette rudimentarité technologique. Cela fait ressortir l’élément fondateur de toute image numérique : le pixel. D’autres artistes ont pris la ville comme champs de bataille, je pense aux pochoirs de petits soldats de The Art of Urban Warfare, sont-ils dans ta lignée ou dans ta ligne de mire ? Ces petits soldats sont apparus il n’y a pas si longtemps. J’aime l’idée que mon projet puisse être une source d’inspiration pour de futures générations. Debord disait « les arts du futur seront des bouleversements de situations ». Cela fait déjà longtemps que je songe à amener ce projet vers une dimension collective, je vous en reparlerai au moment venu ... Ton invasion est ludique, mais c’est aussi une violation de territoire ? Oui il y a cette idée, mais je la qualifierais plutôt d’infiltration de territoire. C’est aussi un coté ambigu que je cultive. Les Space Invaders sont marginaux et ludiques, ils prolifèrent de manière pacifiste.
Tu aimes te définir comme un « envahisseur d’espace », ton appropriation peut être physique, topographique, géographique, cartographique, médiatique, je trouve que tu es à la croisée entre l’art contemporain et la scène graffiti, ce sont deux modèles que tu revendiques ? Quels sont tes rapports avec ces deux courants ? Ma vie est étroitement liée à l’art, je ne la conçois pas autrement et c’est ce qui m’a mené aux Space Invaders. Les Space Invaders m’ont ensuite amené à découvrir la scène et la culture graffiti. Il y a des choses très intéressantes dans cette culture. J’aime l’idée d’engagement total que suppose le graffiti, c’est quelque chose de très intense que je ressens également à mon niveau, c’est une mission que l’on vit de manière solitaire et totale. Ce projet demandait un investissement total et je lui ai donné, je lui donne toujours car il n’est pas arrivé à son terme. Les artistes du Land Art et les artistes conceptuels sont très importants pour moi, car ils décontextualisent et dématérialisent l’œuvre d’art, es-tu dans ce prolongement avec tes mosaïques ? Oui bien sûr, je m’inscris dans une continuité et ces deux mouvements sont importants. En même temps je ne m’en suis pas directement inspirés. Bizarrement les Land artistes ont peu travaillé en milieu urbain (à quelques exceptions près comme Gordon Matta Clarck ou Christo).
A l’inverse de la bombe aérosol, qui maintient à distance, et de l’affiche qui pose un voile sur le mur, tes mosaïques ont à voir avec la fresque. Cette peinture à même le mur est considérée comme de la sculpture pour certains, car l’erreur n’est pas permise, les pigments rentrent directement dans la pierre, on ne peut effacer ce que l’on peint, veux-tu réagir sur cette comparaison ? Ce qui est sûr, c’est que contrairement à l’affiche ou à la peinture, la mosaïque a ce côté inaltérable. Au XVe siècle, dans les églises, beaucoup de peintures religieuses étaient remplacées par des céramiques pour mieux résister aux diverses intempéries. J’associe ton travail à la grotte préhistorique, aux graffitis de Brassaï, aux jeux vidéo évidemment, mais j’aime particulièrement ton travail de cartographe, je le trouve très important, peux-tu nous parler du besoin de faire appel à la carte ? Les cartes me permettent de faire le lien entre un infiniment petit (le pixel, le Space Invader) et un infiniment grand (les villes, la planète). Elles représentent aussi une idée d’errance. J’utilise personnellement des cartes pour mieux quadriller les villes que j’envahis, c’est un aller-retour permanent du terrain à sa représentation. Cela donne également un forme à chaque invasion avec la ville comme terrain et les Space Invaders comme constellation. Je travaille actuellement sur la 13e carte, elle s’intitule : United Invasion of Manchester. Chaque carte que je réalise possède son propre style, et ses propres codes. Chaque carte raconte une histoire, elle a sa propre esthétique, elle donne à lire beaucoup de choses...
En 2003 la galerie Magda Danysz te consacrait une expo personnelle, comment se passe le passage de la rue à la galerie ? Te sens-tu obligé de faire autre chose ? Cela suppose une certaine adaptation bien sûr, mais je pense qu’un bon artiste in situ est un bon artiste tout court. (et vice-versa !) Les jeux vidéo sont des contes initiatiques, il faut passer des niveaux, ce sont également des labyrinthes dont il faut sortir, fais-tu la même lecture de la ville, est-elle ce dédale ? L’Invasion d’une nouvelle ville est une expérience qui suppose de la parcourir, de s’y perdre, de comprendre son fonctionnement. C’est une sorte de dérive situationniste. Et puis il y a cette idée de laisser la trace de son errance : j’étais là et j’ai fait ça.
Présenté comme un bon vieux plan de Paris avec sa couverture en plastique, “L’invasion de Paris” réunit en images les 500 premiers space-invaders posés, les plans d’invasion par arrondissement, les techniques de pose et les explications sur la démarche de Mr Space, l’envahisseur masqué...
à signaler, les sites streetsy, et ekosystem ou le grafiti art est à l'honneur, ainsi que tout type d'action dans la ville, collage, pochoir...et bien sur space invaders
Tu as commencé ton invasion de Paris avec des mosaïques en 1998, six ans plus tard cela donne ton livre Invasion de Paris, ta mission est accomplie ? Space Invader. Non, ce livre serait plutôt un compte rendu de l’invasion parisienne. Il est sous-titré « La Genèse » et chronique les 500 premiers Space Invaders réalisés dans la capitale. Il apporte également pour la première fois une vision globale du projet. Un Space Invader que l’on croise n’est pas une simple mosaïque placée là mais l’élément d’un réseau. Comment s’est passée la publication de ce livre, tu es allé jusqu’en Thaïlande pour le faire imprimer, est-ce que ça a été une aventure ? Non pas en Thaïlande mais au Bangladesh, je crois qu’il s’agit du premier livre qui a été imprimé là-bas (sur des machines allemandes des années 1960 !). Ça a été une vraie croisade en effet, mais je suis satisfait du résultat. Il s’agit d’un pur livre d’artiste, dans le sens où je l’ai réalisé de A à Z, ça se ressent car il est très brut. En fait il s’agit du premier titre d’une collection, le suivant porte sur l’invasion de Los Angeles. L’idée est de détourner les guides traditionnels, chaque titre racontant l’invasion d’une ville. Ils présentent des archives jusque-là tenues secrètes... Les Space Invaders ont été créés en 1978 au Japon, ce sont des petits aliens, des étrangers qu’il faut combattre, ils apparaissent dans la fin de la guerre froide traversée par la peur du danger nucléaire. Comment intègres-tu cette dimension dans ton travail aujourd’hui ? Es-tu en guerre ? Non je ne suis pas en guerre. Je suis dans une logique épidémique planétaire. Ces « petits aliens » ont été créés pendant la guerre froide c’est vrai mais aussi avec les premiers ordinateurs, j’aime cette rudimentarité technologique. Cela fait ressortir l’élément fondateur de toute image numérique : le pixel. D’autres artistes ont pris la ville comme champs de bataille, je pense aux pochoirs de petits soldats de The Art of Urban Warfare, sont-ils dans ta lignée ou dans ta ligne de mire ? Ces petits soldats sont apparus il n’y a pas si longtemps. J’aime l’idée que mon projet puisse être une source d’inspiration pour de futures générations. Debord disait « les arts du futur seront des bouleversements de situations ». Cela fait déjà longtemps que je songe à amener ce projet vers une dimension collective, je vous en reparlerai au moment venu ... Ton invasion est ludique, mais c’est aussi une violation de territoire ? Oui il y a cette idée, mais je la qualifierais plutôt d’infiltration de territoire. C’est aussi un coté ambigu que je cultive. Les Space Invaders sont marginaux et ludiques, ils prolifèrent de manière pacifiste.
Tu aimes te définir comme un « envahisseur d’espace », ton appropriation peut être physique, topographique, géographique, cartographique, médiatique, je trouve que tu es à la croisée entre l’art contemporain et la scène graffiti, ce sont deux modèles que tu revendiques ? Quels sont tes rapports avec ces deux courants ? Ma vie est étroitement liée à l’art, je ne la conçois pas autrement et c’est ce qui m’a mené aux Space Invaders. Les Space Invaders m’ont ensuite amené à découvrir la scène et la culture graffiti. Il y a des choses très intéressantes dans cette culture. J’aime l’idée d’engagement total que suppose le graffiti, c’est quelque chose de très intense que je ressens également à mon niveau, c’est une mission que l’on vit de manière solitaire et totale. Ce projet demandait un investissement total et je lui ai donné, je lui donne toujours car il n’est pas arrivé à son terme. Les artistes du Land Art et les artistes conceptuels sont très importants pour moi, car ils décontextualisent et dématérialisent l’œuvre d’art, es-tu dans ce prolongement avec tes mosaïques ? Oui bien sûr, je m’inscris dans une continuité et ces deux mouvements sont importants. En même temps je ne m’en suis pas directement inspirés. Bizarrement les Land artistes ont peu travaillé en milieu urbain (à quelques exceptions près comme Gordon Matta Clarck ou Christo).
A l’inverse de la bombe aérosol, qui maintient à distance, et de l’affiche qui pose un voile sur le mur, tes mosaïques ont à voir avec la fresque. Cette peinture à même le mur est considérée comme de la sculpture pour certains, car l’erreur n’est pas permise, les pigments rentrent directement dans la pierre, on ne peut effacer ce que l’on peint, veux-tu réagir sur cette comparaison ? Ce qui est sûr, c’est que contrairement à l’affiche ou à la peinture, la mosaïque a ce côté inaltérable. Au XVe siècle, dans les églises, beaucoup de peintures religieuses étaient remplacées par des céramiques pour mieux résister aux diverses intempéries. J’associe ton travail à la grotte préhistorique, aux graffitis de Brassaï, aux jeux vidéo évidemment, mais j’aime particulièrement ton travail de cartographe, je le trouve très important, peux-tu nous parler du besoin de faire appel à la carte ? Les cartes me permettent de faire le lien entre un infiniment petit (le pixel, le Space Invader) et un infiniment grand (les villes, la planète). Elles représentent aussi une idée d’errance. J’utilise personnellement des cartes pour mieux quadriller les villes que j’envahis, c’est un aller-retour permanent du terrain à sa représentation. Cela donne également un forme à chaque invasion avec la ville comme terrain et les Space Invaders comme constellation. Je travaille actuellement sur la 13e carte, elle s’intitule : United Invasion of Manchester. Chaque carte que je réalise possède son propre style, et ses propres codes. Chaque carte raconte une histoire, elle a sa propre esthétique, elle donne à lire beaucoup de choses...
En 2003 la galerie Magda Danysz te consacrait une expo personnelle, comment se passe le passage de la rue à la galerie ? Te sens-tu obligé de faire autre chose ? Cela suppose une certaine adaptation bien sûr, mais je pense qu’un bon artiste in situ est un bon artiste tout court. (et vice-versa !) Les jeux vidéo sont des contes initiatiques, il faut passer des niveaux, ce sont également des labyrinthes dont il faut sortir, fais-tu la même lecture de la ville, est-elle ce dédale ? L’Invasion d’une nouvelle ville est une expérience qui suppose de la parcourir, de s’y perdre, de comprendre son fonctionnement. C’est une sorte de dérive situationniste. Et puis il y a cette idée de laisser la trace de son errance : j’étais là et j’ai fait ça.
Présenté comme un bon vieux plan de Paris avec sa couverture en plastique, “L’invasion de Paris” réunit en images les 500 premiers space-invaders posés, les plans d’invasion par arrondissement, les techniques de pose et les explications sur la démarche de Mr Space, l’envahisseur masqué...
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